Ayant comme point de départ la théorie connue sous le nom de « postcolonialisme » en général et la colonisation territoriale de l’Algérie par les Français en particulier, dans ce mémoire, nous analyserons la quête d’identité de l’auteur / narratrice dans l’autofiction L’Amour, la fantasia. La quête d’identité linguistique de la narratrice sera analysée à travers les chapitres autobiographiques du roman. Assia Djebar écrit en français, la langue du colonisateur, et cette situation paradoxale crée une crise d’identité chez elle. Elle se sent coupable d’écrire dans la langue de l’ennemi et pour cette raison, la langue d’écriture devient seulement un moyen de faire entendre sa voix. La langue française devient la clé de sa libération et de son émancipation, mais en même temps la source de son aliénation. Mais, comme le français devient insuffisant pour exprimer une réalité arabe, Djebar essaye de donner une forme ‘arabe’ à son livre, en utilisant des mots et des expressions arabes, parfois même une syntaxe arabe. Le symbolisme de la langue du Coran est appliqué à la langue française. La narratrice essaye de trouver un équilibre dans une existence marquée de deux cultures et deux langues complètement différentes. Le père de la narratrice devient le symbole du patriarcat et du colonialisme, tandis que sa mère devient le symbole de la tradition arabe. De plus, la narratrice essaye de trouver son identité féminine dans une société où les femmes sont doublement opprimées : par la religion musulmane et par la situation coloniale. L’amour et la sexualité hors du mariage deviennent des territoires défendus aux filles arabes. Leur relation au corps féminin est manipulée par la religion et la tradition et en conséquence, le corps devient un objet de honte et pas de fierté. La méconnaissance de sa culture, de sa langue et de son histoire cause un désir d’appartenance chez l’auteur /narratrice et l’oblige à reconstruire l’histoire de son pays pour trouver son identité personnelle. Mais, paradoxalement, c’est grâce à la langue française et aux officiers français que l’histoire de l’Algérie peut être reconstruite. La prise d’Alger est décrite comme un viol. La condition des femmes dans la guerre et dans la société musulmane est similaire à celle de l’Algérie, car elles deviennent des objets de domination et victimes de viol. Par son écriture, Assia Djebar apporte sa contribution à la reconstruction du passé et de l’identité de son pays.